PARFOIS TOUT
COMMENCE PAR DES CHANSONS
J’ai
entendu Fanchon chanter bien avant qu’elle devienne une amie. Depuis
lors, sa voix n’a cessé d’évoquer pour moi ces chanteuses de barricades
auxquelles Delacroix a rendu hommage. Oui, ce Delacroix dont les médiocres
et les assis de notre siècle raillent la grandiloquence comme ils se
gaussent du romantisme révolutionnaire. Je sais bien que le chant de
combat n’est pas le combat lui-même mais quand sa rage et sa lucidité ne
tombent pas dans le triomphalisme ou les nénies célébrant les victimes, il
conforte aisément cette
résolution
de lutter contre la tyrannie du profit qui désertifie la terre et pollue la
joie de vivre. Que les chants renaissent du cœur en révolte contre un
monde sans cœur, n’est-ce pas à quoi aspirent secrètement des millions
d’êtres colonisés par le désespoir, cette arme de tous les despotismes, et
résignés à crever à genoux au lieu de se lever pour vivre debout ?
D’une
vague apparemment anodine peut naître un tsunami. Nous ne voulons être
ni guerriers ni martyrs. Nous voulons seulement une existence où l’être
l’emporte sur l’avoir, où les libertés de la vie annulent les prétendues
libertés du commerce (car il n’y a pas de liberté de tuer et d’exploiter).
La conscience a ses marées. Elle est aujourd’hui au plus bas et l’on
voit le pays des Droits de l’homme, entre deux ridicules d’État,
rafistoler le cadavre du patriarcat et
patauger
dans les égouts sanglants du nationalisme. Ce n’est pas prophétiser que
d’affirmer que cette conscience si proprement délabrée par la colonisation
consumériste va se restaurer et réveiller les somnambules. Ne dit-on pas
que parfois tout commence par des chansons?
Raoul VANEIGEM
LA RENGAINE DES RESIGNES
Y a tout à perdreRien à gagner
C’est le règne
Des résignés
Et c’est pourquoi
On va crever
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . . . .
C’est la débine
Et la combine
Chacun pour soi
Telle est la loi
Et c’est pourquoi
On va crever
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . .
Où sont l’amour
Et l’amitié ?
Morte est La solidarité
Et c’est pourquoi
On va crever
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . .
Pas de budget
Pour les Ecoles
Les hôpitaux
Car nos impôts
Vont financer
Les escaliers
Vers la chambre à
Gaz des banquiers . . . .
C’est la guerre des
Voisins de paliers
Tout est prétexte
À se flinguer.
Qu’importe puis-
Qu’on va crever,
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . .
Pour se venger
De leur lâch’té
Ils attaquent
Les étrangers
Mais c’est ensemble
Qu’ils vont crever
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . .
L’argent fout l’camp
Si vous pensez
Que pour autant
La vie s’en va
Vous gagnerez
De quoi crever
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . .
Pourtant le soleil
De la vie
Continue à
Nous éclairer.
C’est pas le moment
De crever,
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . .
La vraie vie
C’est la gratuité
J’veux plus payer
Pour engraisser
Ceux qui pensent
Nous envoyer
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . .
L’argent qui tue
Va les tuer.
Il n’y aura
Qu’à les pousser
Pour qu’ils achèvent
De crever,
Dans leur chambre à
Gaz des banquiers . . . . .
Raoul VANEIGEM : paroles
Fanchon DAEMERS : interprétation.
Jacques-Ivan DUCHESNE : musicien et arrangements.
Musique : trad. français, La Fille au Roi Louis.
Extrait du disque "Contre la Résignation Chants d'amour et de révolte".
Pour trouver cette chanson (Cd Contre la résignation, chansons d’amour et de révolte) , cliquez là
http://chantlibreasbl.wixsite.com/chantlibre-asbl/discographie-fanchon-daemers
Chanteuse de barricade!
Telle
est Fanchon dont la voix tendre et passionnée fait revivre les insurrections du
passé et donne des ailes au renouveau des révoltes présentes et à venir. (Raoul VANEIGEM)