Ho deciso di proporre questa
riflessione che mi sembra tanto sintetica quanto radicalmente necessaria.
Questo grido d’allarme si riferisce a un concetto che mi sta molto a cuore: la
coscienza di specie. Questa coscienza tragicamente rimossa dallo spettacolo
globale cresce contro ogni misticismo delirante e suicida, contro ogni
negazionismo fascista. Non garantisce alcuna salvezza ma ne è la condizione. L’insieme
degli avvenimenti la spinge ad andare oltre la coscienza di classe sconfitta
dal consumismo, abbandonando nella pattumiera della storia ogni ottimismo e
pessimismo che impestano gli oceani e le terre.
Sergio
Ghirardi Sauvageon
Bruno Latour: Di fronte a Gaia, p. 54/55, Éditions La Découverte, Parigi 2015,
2023.
Estratto della conferenza: Sull'instabilità
della (nozione di) natura:
In
un’epoca in cui i commentatori deplorano la “mancanza di spirito
rivoluzionario” e il “crollo degli ideali di emancipazione”, come non
sorprendersi che siano gli storici della natura a rivelare, sotto il nome di
Grande Accelerazione, il cui inizio segna l’Antropocene, che la rivoluzione è
già avvenuta, che gli eventi che dobbiamo affrontare non si collocano nel
futuro ma in un recente passato?
Gli
attivisti rivoluzionari vengono colti di sorpresa quando si rendono conto che
qualunque cosa facciamo oggi, la minaccia rimarrà con noi per secoli, per millenni
perché il seguito di tante azioni rivoluzionarie irreversibili, commesse da esseri umani, è stato ripreso dal
riscaldamento inerziale del mare, dai mutamenti dell’albedo dei poli, dalla
crescente acidità degli oceani, e che non si tratta di riforme progressive ma di
cambiamenti catastrofici, una volta attraversate, non più, come in passato, le
colonne d’Ercole ma i punti di non ritorno. È abbastanza da disorientarci. Alla
radice dello scetticismo climatico c’è questo sorprendente capovolgimento del
contenuto stesso del progresso, della definizione di ciò che è a venire e di che
cosa significhi appartenere a un territorio. In pratica, siamo tutti
controrivoluzionari, cercando di minimizzare le conseguenze di una rivoluzione fatta
senza di noi, contro di noi e, allo stesso tempo, da noi.
Sarebbe
divertente vivere in una tale epoca, se solo potessimo contemplare questa
tragedia da una sponda lontana che non avesse storia. Ormai, tuttavia, non ci sono più spettatori, perché non c’è
più un approdo che non sia stato mobilitato nel dramma della geostoria. Poiché
non ci sono più turisti, il sentimento del sublime è scomparso insieme alla
sicurezza di chi guarda. È un naufragio, certo, ma non ci sono più spettatori.
Questo ricorda piuttosto La storia di PI:
nel canotto di salvataggio c'è una tigre del Bengala! Lo sfortunato giovane
naufrago non ha più una solida riva da cui godersi lo spettacolo della lotta
per la sopravvivenza accanto a un'indomabile bestia feroce per la quale funge
sia da domatore sia da piatto! Ciò che ci viene incontro è ciò che chiamo Gaia,
e che dobbiamo guardare in faccia per non impazzire definitivamente.
J’ai choisi de proposer cette réflexion qui me parait autant synthétique que
radicalement nécessaire. Ce cri d’alarme renvoie à un concept qui m’est très
cher : la conscience d’espèce. Cette conscience tragiquement refoulée par
le spectacle global est en train de croître contre tous les mysticismes
délirants et suicidaires, contre tous les négationnismes fascisants. Elle ne garantit
aucun salut mais elle c’est sa condition. L’ensemble des événements la poussent
à dépasser la conscience de classe vaincue par le consumérisme, abandonnant dans
la poubelle de l’histoire tous les optimismes et les pessimismes qui empestent
les océans et les terres.
Sergio Ghirardi Sauvageon
Bruno Latour : Face à Gaia, p. 54/55, Éditions La
Découverte, Paris 2015,2023.
Extrait de la conférence : Sur l’instabilité de la
(notion de) nature :
A une époque où les commentateurs déplorent le « manque d’esprit
révolutionnaire » et « l’effondrement des idéaux
émancipateurs », comment ne pas s’étonner que ce soient les historiens de
la nature qui révèlent sous le nom de la Grande Accélération dont le
commencement marque l’Anthropocene que la révolution a déjà eu lieu, que les
événements que nous devons affronter ne sont pas situés dans l’avenir mais dans
un passé récent ?
Les activistes révolutionnaires sont pris au dépourvu quand ils réalisent
que quoi que nous fassions aujourd’hui la menace restera avec nous pour des
siècles, des millénaires parce que le relais de tant d’actions révolutionnaires
irréversibles, commises par des humains,
a été repris par le réchauffement inertiel de la mer, les changements d’albédo
des pôles, l’acidité croissante des océans, et qu’il ne s’agit pas de reformes
progressives mais de changements catastrophiques, une fois franchis, non plus,
comme autrefois, les Colonnes d’Hercule mais les points de bascule. C’est assez
pour nous désorienter. A la racine du scepticisme à l’égard du climat, il y a
ce renversement surprenant de la teneur même du progrès, de la définition de ce
qui est à venir et de ce que signifie appartenir à un territoire. En pratique,
nous sommes tous des contre-révolutionnaires, essayant de minimiser les
conséquences d’une révolution qui s’est faite sans nous, contre nous et, en
même temps, par nous.
Ce serait réjouissant de vivre à une époque pareille, si seulement nous
pouvions contempler cette tragédie à partir d’un rivage éloigné qui n’aurait
pas d’histoire. Mais désormais, il
n’y a plus de spectateur, parce qu’il n’y a plus de rivage qui n’ait été
mobilisé dans le drame de la géohistoire. Comme il n’y a plus de touriste, le
sentiment de sublime a disparu avec la sécurité de celui qui regarde. C’est un
naufrage, certes, mais il n’y a plus de spectateur. Cela rassemble plutôt à L’Histoire de PI : dans le canot de
secours, il y a un tigre du Bengale ! Le malheureux jeune naufragé n’a
plus de rivage solide à partir duquel il puisse jouir du spectacle de la lutte
pour la survie aux côtés d’une bête sauvage indomptable pour laquelle il sert à
la fois de dompteur et de plat ! Ce qui vient vers nous, c’est cela que
j’appelle Gaia, et qu’il faut regarder en face pour ne pas devenir fou pour de
bon.