I nucleocrati s’incontrano per prepararcelo
L’otto
dicembre 1953, davanti all’assemblea generale dell’ONU, Eisenhower presenta
un’iniziativa chiamata “Atoms for Peace” : l’energia
atomica messa a punto a scopi militari permette ormai di produrre dell’energia
per l’umanità in quantità illimitata e quasi gratuitamente ! Delle navi
nucleari percorreranno ben presto gli oceani e il desalaggio dei mari sarà
fatto su scala gigante trasformando i deserti in praterie…La felicità per tutti
e…senza rischi !
Nel 1955,
alla prima conferenza internazionale per gli usi pacifici dell’energia atomica
a Ginevra, s’annuncia che la fissione nucleare sarà sotto controllo entro
vent’anni e che l’atomo diventerà una formidabile scorciatoia verso un’industrializzazione
generalizzata dei paesi in via di sviluppo, il tutto parlandoci di automobili,
locomotive e aerei atomici…
Tuttavia è proprio
per produrre il plutonio della bomba atomica che i primi reattori sono
concepiti; la sicurezza non era dunque una priorità. Tra una dozzina di
configurazioni diverse, è il “reattore ad acqua sotto pressione” (REP) che è
scelto per la propulsione atomica dei sottomarini, per la sua semplicità,
compattezza e rapidità di esecuzione. Poi, al momento di optare per un modello di reattore civile
produttore di elettricità, è ancora un REP, perfezionato nel frattempo dalla
marina americana che viene scelto dalla Atomic Energy Commission perch’è bello
e pronto. Sono dunque 58 reattori di questo tipo che troneggiano oggi in
Francia…
Se i
progetti di reattore che saranno presentati nel colloquio (vedere in proposito
sul sito francese, ndt) sono qualificati di “nucleare del futuro”, è perché si
sa che i reattori attuali (EPR incluso) non sono che gli ultimi rampolli del
regalo fatto dai militari negli anni 50, che sono instabili, che possono
diventare incontrollabili, fondere, subire un’esplosione d’idrogeno, che
producono scorie pericolose e che consumano dell’uranio le cui riserve naturali
sono limitatissime. Si sa anche, ormai, quanto sono sicuri ! Negli ultimi tre
decenni più dell’un per cento dei 430 reattori in attività nel mondo hanno
subito un incidente grave (fusione di un reattore a Three Mile Island, esplosione
à Chernobyl et perdita di quattro reattori a Fukushima).
“Il prossimo incidente dovrà seguire uno
scenario che non abbiamo anticipato. Esiste ormai l’obbligo d’immaginare
l’inimmaginabile” ha finito per riconoscere un esperto in sicurezza
nucleare dell’IRSN. Siamo lontanissimi dalle famose tre barriere (rivestimento
del combustibile, circuito primario e protezione del reattore) che dovevano
assicurare il confino assoluto dei prodotti radioattivi in caso d’incidente. Incidente
che non dovrebbe, ovviamente, “quasi” mai prodursi, a credere i detentori
dell’approccio probabilistico della sicurezza. Nel 1975 il rapporto Rasmussen
stimava che per mille reattori in servizio, il rischio era al massimo di cinque
incidenti di perdita del raffreddamento per secolo. Invece in Giappone ci sono state esplosioni multiple, incendi
sulla piscina di raffreddamento, rotture di bacini e inizi di “sindrome cinese”
! Come dire che l’approccio probabilistico della sicurezza che prevale in
Francia e nel mondo non vale più una cicca !
L’industria
nucleare, in declino a livello mondiale, fa fronte a una contestazione
crescente dopo Fukushima. Per questo tenta oggi di aggirarla e di recuperarla
servendoci delle nuove promesse tecnologiche. Il mito della “quarta
generazione” di reattori ha lo scopo essenziale di creare una prospettiva
d’avvenire per il nucleare, nella speranza di farci dimenticare la caduta
ineluttabile della parte dell’atomo nella produzione globale di elettricità.
Questo riciclaggio dell’utopia tecnologica (che tende anche a giustificare la
costruzione dei reattori…”di terza generazione” che sono gli EPR) sarà
sufficiente per mobilizzare il denaro pubblico e motivare i ricercatori per
un’ipotesi nucleare che sarebbe finalmente un giorno diventata pulita e avrebbe
risolto i suoi problemi di sicurezza e d’approvvigionamento? Liberi loro di
crederlo, poiché si tratta all’occorrenza più di religione che di razionalità
scientifica, ma noi, il cui avviso non è mai stato richiesto, continuiamo a
dire che esiste una sola soluzione: arresto immediato del nucleare civile e
militare senza attendere la prossima catastrofe.
Collettivo contro l’ordine atomico
(Traduzione
dal francese di Sergio Ghirardi. Segue l’originale.)
« Nucléaire
du futur » ?
Des nucléocrates se retrouvent pour nous le
concocter :
Le 8 décembre 1953, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, Eisenhower présente une
initiative appelée « Atoms for Peace » : l’énergie atomique, mise au point pour
servir des buts militaires, va désormais permettre de produire de l’énergie
pour l’humanité en quantité illimitée et quasiment gratuitement ! Des navires
nucléaires écumeront bientôt les océans, on dessalera bientôt l’eau de mer à
grande échelle, transformant les déserts en prairies… Le bonheur pour tous
et... sans risques !
En 1955, à la première conférence internationale pour les usages pacifiques
de l’énergie atomique à Genève, on nous annonce que la fusion nucléaire sera
maîtrisée dans les vingt ans, que l’atome deviendra un formidable raccourci
vers une industrialisation généralisée des pays en développement, on nous parle
d’automobiles, de locomotives et d’avions atomiques...
Il n’empêche, c’est bien pour produire le plutonium de la bombe atomique
que les premiers réacteurs ont été conçus, la sûreté n’était donc pas une
priorité. Parmi une dizaine de configurations différentes, c’est le « réacteur
à eau sous pression » (REP) qui a été retenu pour la propulsion atomique des
sous-marins, parce qu’il était simple, compact et rapide à mettre en oeuvre. Et
à l’heure d’opter pour un modèle de réacteur civil producteur d’électricité,
c’est aussi ce REP, perfectionné entre-temps par la marine américaine, qui a
été choisi par l’Atomic Energy Commission, parce qu’il était fin prêt. Et c’est
ce réacteur dont 58 spécimens trônent aujourd’hui en France…
Si les projets de réacteurs qui seront présentés dans ce colloque sont
qualifiés de « nucléaire du futur », c’est parce qu’on sait que les réacteurs
actuels (EPR compris) ne sont que les derniers rejetons de ce cadeau fait par
les militaires dans les années 50, qu’ils sont instables, peuvent devenir
incontrôlables, fondre, subir une explosion d’hydrogène, qu’ils sont
producteurs de déchets dangereux, et qu’ils consomment de l’uranium dont les
réserves exploitables sont très limitées. Et qu’on sait aussi, désormais, à
quel point ils sont sûrs ! Au cours des trois dernières décennies, plus de l %
des 430 réacteurs en activité dans le monde ont connu un accident majeur
(fusion d’un réacteur à Three Mile Island, explosion à Tchernobyl et perte de
quatre réacteurs à Fukushima).
« Le prochain accident devrait suivre un scénario que
nous n’aurons pas anticipé : il va falloir imaginer l’inimaginable », a fini par reconnaître un expert en sûreté nucléaire de
l’IRSN. On est très loin des fameuses trois barrières (gainage du combustible,
circuit primaire et bâtiment réacteur) qui devaient assurer le confinement
absolu des produits radioactifs en cas d’accident. Un accident qui, bien sûr,
ne devait « quasiment » jamais se produire, à en croire les tenants de
l’approche probabiliste de la sûreté. En 1975, le rapport Rasmussen estimait
ainsi que, pour mille réacteurs en service, le risque était tout au plus de
cinq accidents de perte de refroidissement par siècle. Or, au Japon, il y a eu
des explosions multiples, des incendies sur piscines de refroidissement, des
ruptures de cuves et des débuts de « syndrome chinois » ! Autant dire que
l’approche probabiliste de la sûreté qui prévaut en France et dans le monde ne
vaut plus un pet !
L’industrie nucléaire, en déclin au niveau mondial, fait face à une
contestation croissante depuis Fukushima. C’est pourquoi elle tente aujourd’hui
de la contourner et de la récupérer en nous servant de nouvelles promesses
technologiques. Le mythe de la « quatrième génération » de réacteurs a pour
fonction essentielle de créer une perspective d’avenir pour le nucléaire, dans
l’espoir de nous faire oublier la baisse inéluctable de la part de l’atome dans
la production globale d’électricité. Ce recyclage d’utopie technologique (qui
vise aussi à justifier la construction des réacteurs… « de troisième génération
» que sont les EPR) réussira-t-il à mobiliser l’argent public et à motiver des
chercheurs pour un hypothétique nucléaire qui serait enfin, un jour, devenu «
propre », qui aurait résolu ses problèmes de sécurité et d’approvisionnement ?
Libre à eux d’y croire, car il s’agit en l’occurrence plus de religion que de
rationalité scientifique, mais nous à qui on n’a jamais demandé notre avis,
nous continuons à dire :
Une seule solution : arrêt immédiat du nucléaire civil et militaire, sans
attendre la prochaine catastrophe.
Collectif contre l’ordre atomique
contre-lordre-atomique@riseup.net – 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris